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Pour Lorin Maazel...

13 Juillet 2014

Pour Lorin Maazel...

L'ancien enfant prodige, qui dirigea ses premiers concerts à l'âge de dix ans, n'avait pas bonne presse en Europe ces vingt dernières années. La critique soulignait volontiers l'infaillibilité du technicien, la sureté absolue de sa battue, comme pour mieux brocarder un style et un rendu sonore plutôt clinquants. Un joli gaspillage, en quelque sorte ? Admettons...

Je ne prétends pas que mon oreille adolescente s'en serait offusquée, le cas échéant, lorsque j'assistai, à la fin des années septante, grâce à l'abonnement familial reconduit d'année en année, à tant de concerts de l'Orchestre National dont il était alors le directeur musical. J'avais quatorze ans, Maazel pas tout à fait cinquante. J'aimais aussi la façon avenante et didactique dont il présentait les "soirées de l'Orchestre National" à la télévision.

Je ne peux oublier qu'un des premiers disques que mon père me fit écouter, alors que je devais avoir six ou sept ans, était un enregistrement des Royal Fireworks Music, par Maazel à la tête du RSO Berlin, phalange d'élite comme seuls les orchestres des radios allemandes pouvaient l'être alors. Drôle d'affiche pour Haendel, n'est-ce pas ? En 1973 ou 1974, la dernière phase de la révolution baroqueuse était encore assez confidentielle.

En 1985, j'eus l'occasion d'assister à une répétition du Sacre du Printemps sous sa direction au Théâtre des Champs-Elysées. Maazel travaillait sans partition et semblait en connaître par coeur jusqu'à l'emplacement des lettres-repères. Je n'étais certainement pas en mesure, à l'époque, de mesurer chaque détail de la cataracte de sons qui se déroulait devant moi, mais je n'ai jamais vu, depuis, une battue aussi lisible, aussi sécurisante, aussi ébouriffante de précision dans cette oeuvre si redoutable.

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